Emmanuel Anati, directeur d'un centre d'études préhistoriques à Capo di Ponte en Italie, a commencé en 1986 pour l'Unesco un recueil de l'art rupestre à travers le monde. Déjà en 1997, il proposait une structure grammaticale pour les peintures et les gravures. Selon lui, l'art rupestre c'est l'écriture avant l'écriture et elle est universelle. Il publie aujourd'hui un livre très illustré, Aux origines de l'art (1), dont la matière s'est accumulée sur plus de vingt ans avec des gravures, peintures ou dessins de tous les continents. Il y redéveloppe ses théories, qui sont loin de faire l'unanimité.
Vous continuez à travailler sur un inventaire mondial de l'art rupestre ?
Oui, nous en sommes à 300 000 fiches, la production artistique de l'homme préhistorique est immense, on peut parler tranquillement de millions d'images. Cette exubérance, c'est l'esprit même de l'homme qui se révèle. Notre perception de l'art préhistorique a changé : il y a cinquante ans, l'art primitif était maltraité en France. Le masque qui coûtait 100 francs vaut aujourd'hui 10 millions de francs. Les secteurs de la publicité, la mode, la haute couture, les créateurs, viennent chercher des idées dans nos archives. Au moment de l'affaire Lewinsky, un journal m'a commandé une recherche sur le sexe oral dans la préhistoire. Des politiques me demandent des images de la famille, la mère avec les enfants, ou la bataille, la guerre. Quand la Lombardie cherchait un symbole pour la région, ils ont envoyé des chercheu