Cinq ans de recherches et quelques centaines d'ours plus tard, l'équipe scientifique de la grotte Chauvet, en pleine campagne de fouilles, présentait ce week-end un état des lieux de ses travaux à l'occasion d'un colloque organisé par la Société préhistorique française. Une occasion de clore la polémique lancée par des Anglais sceptiques sur l'ancienneté des peintures, les plus vieilles au monde datées de 33 000 ans. Ou de se poser des questions passionnantes sur un mystérieux canidé, différent du loup, dont les empreintes semblent accompagner celles d'un jeune garçon qui se promenait dans la grotte voilà 26 000 ans.
Style moderne. En mars, Paul Bahn et Paul Pettitt, deux archéologues anglais de l'université d'Oxford, avaient jeté un pavé dans la mare. Ils regrettaient que plusieurs laboratoires n'aient pas croisé leurs résultats : l'analyse du carbone 14 «posant problème» selon eux, ils s'interrogeaient sur l'ancienneté des oeuvres. D'autant que le style de ces peintures est bien moderne pour l'époque. Mais pour les chercheurs français, il n'y a plus de doute : «Nous avons aujourd'hui six laboratoires qui ont participé aux datations, du jamais vu. Or toutes les études convergent», rappelle Jean-Michel Geneste, responsable de l'étude scientifique de la grotte. «Il est vrai que le laboratoire d'Oxford n'avait pas été retenu car plus cher et plus lent.»
Hélène Valladas, du laboratoire de Gif-sur-Yvette (CEA-CNRS), a réalisé une grande partie des études sur des mouchages de torch