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Libération

Sophia-Antipolis retourne à l'âge de pierre

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publié le 24 octobre 2003 à 1h32

Nice envoyé spécial

Spectacle incongru sous les pins de Sophia Antipolis, technopole supposée de pointe : une vingtaine de jeunes assis en rond sur des cagettes cassent des cailloux. Au centre, des blocs de silex. Le bruit de la pierre martelée s'élève au travers des bâtiments saumon. Les cadres qui sortent de leur bureau s'arrêtent devant la scène, médusés, et contemplent ces futurs chercheurs qui tentent, bien maladroitement, de retrouver les gestes des hommes préhistoriques. Ils sont réunis pour une école thématique au nom bien plus savant que cassage de cailloux : «expérimentation et analyse technologique de la pierre taillée préhistorique».

Mission. Sonia, étudiante à Nanterre, prend son silex, le regarde, perplexe. Elle a installé un morceau de peau sur ses genoux pour se protéger, et tient de la main droite un percuteur, un bois de cerf. Sa mission, tailler un biface dans la pierre, comme il y a un million d'années, un Homo qui n'était pas encore sapiens le faisait. Sonia tourne le silex dans tous les sens, se demandant par où commencer. Quel coup porter en premier, comment imaginer la forme du biface. Effectivement, les gestes d'Homo erectus semblent bien compliqués pour notre cerveau, pourtant deux fois plus gros que celui de cet ancêtre lointain.

Lorsque Sonia se risque à donner le premier coup, rien ne se passe. Jacque Pellegrin, l'un des formateurs de ce stage particulier, veille au grain : «Ton geste doit être ample, venir du haut, accrocher le bord et tirer vers l