Iter, c'est vieux comme Reagan et Gorbatchev. Ce projet d'une machine mondiale où l'on domestiquerait la fusion nucléaire date de 1985. L'Union soviétique propose le projet, qui est accepté par les Etats-Unis, le Japon et l'Europe en 1986. Pacifique la technologie est impropre aux applications militaires et avec des enjeux commerciaux lointains, la fusion ressemble aux missions spatiales. La symbolique compte autant que la technologie dans la prise de décision. Mais technologies et finances se vengent.
Au début des années 1990, physiciens et ingénieurs tirent les plans. Les plus optimistes envisagent une machine très puissante. «Aussi vaste que Saint-Pierre de Rome», explique à l'époque Robert Aymar (du Commissariat à l'énergie atomique), qui dirige l'équipe chargée de concevoir Iter. Le réacteur préfigurerait un système industriel. Mais d'autres, Américains surtout, dénoncent une approche jugée prématurée. Ils proposent de découper le problème, afin d'étudier séparément les différents verrous technologiques avant de passer à la machine complète.
La polémique fait rage entre spécialistes. Les finances tranchent le débat. En 1996, le Congrès américain ampute d'un tiers le budget consacré à la fusion, et ce pour plusieurs années. Du coup, les Etats-Unis se retirent du projet. L'équipe de Robert Aymar propose, en 1998, une machine moins chère, plus petite, où la fusion ne serait entretenue que durant 400 secondes. En janvier 2003, les Etats-Unis rejoignent le projet, mais pour