Lyon envoyée spéciale
De la rue qui borde la Saône, rive droite à Lyon, au pied de l'église Saint-Georges, le regard plonge à six mètres de profondeur dans les entrailles de ce qui deviendra un parking de 700 places. A l'extrémité est, pelleteuses et ouvriers casqués au travail pour terrasser et couler coffrages et piliers. A l'extrémité ouest, trois silhouettes casquées elles aussi, courbées ou à genoux et absorbées dans des travaux minutieux : épousseter, mesurer, étiqueter, dessiner... A l'est, le chantier du parking avance ; à l'ouest, les archéologues sont engagés dans une lutte contre le temps depuis la découverte exceptionnelle qu'ils ont faite début octobre : quatre grandes barques en bois datant de l'Antiquité, que les habitants du quartier ont pris l'habitude de venir contempler.
De la quatrième, on n'aperçoit plus que le bord, en chêne. La paroi moulée du chantier l'a coupée en deux, enfouissant le reste dans le béton. Les trois autres sont serrées l'une contre l'autre. Comme échouées sur un banc de sable. Amolli par les siècles et l'humidité, leur bois s'est étiré pour épouser la forme incurvée du sol. «Ce sont des embarcations à fond plat qui devaient servir à transporter de grosses cargaisons de marchandises, vu leur taille», explique Grégoire Ayala, le responsable des fouilles pour l'Inrap (Institut national de recherches et d'archéologie préventive). La plus grande mesure 18 mètres de long sur 4 de large et pèse plus de 30 tonnes, la plus petite, 11 mètres sur