Tokyo de notre correspondant
Le gong fatidique, samedi à Washington, du match France-Japon qui déterminera lequel des deux pays accueillera le mégachantier Iter (réacteur expérimental thermonucléaire international), estimé à près de 10 milliards de dollars, est attendu avec zen à Tokyo. Même si la France est bien placée, le Japon se dit «confiant» dans ses chances d'accueillir le réacteur sur son site de Rokkasho-mura (nord de l'archipel). «L'enjeu est immense. Pour la première fois, notre pays accueillerait un programme scientifique d'envergure mondiale», confie un expert du Jaeri (Institut national des sciences de la fusion).
Depuis un an, Tokyo mène un discret mais actif lobbying auprès des pays membres du projet : Etats-Unis, Russie, Chine, Corée du Sud... et UE. Le Japon a multiplié les interventions pour «vendre» les atouts de Rokkasho-mura, «son port très proche facilitant le transport des composants, ses sous-sols solides, ses infrastructures en place pour l'accueil des chercheurs». A Tokyo, on estime que le choix final sera guidé par des considérations «politiques et peu scientifiques».
Lors de leurs récentes visites au Japon, George W. Bush et son secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, auraient abordé le dossier avec le Premier ministre Koizumi. «Washington soutient la candidature japonaise», dit-on. Pour certains, il n'est pas fortuit que le Japon annonce au même moment l'envoi de soldats en Irak. «Des alliances se sont nouées autour de ce dossier sensible.