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Libération

«Dans votre main, vous tenez l'immensité du temps»

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Dans un labo d'Orléans, on recherche les origines de la vie sur Terre et sur Mars.
publié le 24 décembre 2003 à 2h27

Orléans envoyé spécial

Devant l'âge, total respect. Trois milliards quatre cent quarante millions d'années. Le petit morceau de roc de quelques centimètres, soigneusement poli, présente bien. Il s'est formé par le dépôt de cendres volcaniques au fond d'une mer ou d'un lac peu profond. De jolies strates se succèdent, offrant toutes les nuances d'intensité d'un doux gris bleuté. Ornée, sur l'une d'elle, de minuscules formes vaguement ovales, surmontées d'une ligne plus foncée. «La trace d'un film bactérien», explique Frances Westhall, directrice de recherche au Centre de biophysique moléculaire (CNRS) en la soulignant de l'ongle. Puis glisse, avec fierté et quelque émotion : «Les plus vieilles bactéries fossiles jamais étudiées.» Sur l'écran de son ordinateur, elle montre des images acquises en microscopie électronique où l'on voit des bactéries fossilisées, certaines juste au moment où elles se divisent. Une roche qu'elle a prélevée, il y a trois ans, «quelque part en Australie, dans la ceinture des roches vertes de Baberton». Ses collègues et concurrents devront attendre la publication de son article descriptif pour se ruer sur le lieu précis de la découverte.

Sans inhibition. La Britannique, après une vie scientifique mouvementée ­ des labos de la Nasa à Houston aux terrains d'aventures glacées ou ardentes du Groenland et des déserts australiens ­ a posé ses pénates, et ses pierres précieuses, dans le laboratoire fondé par André Brack. Ici, sans la moindre inhibition, on s'at