«C'est bon.» Murmurés par l'homme au physique fluet, les mots s'envolent. En deux secondes, ils mettent fin à la réunion des directeurs du département de biologie cellulaire à l'institut Cochin. D'Alain Trautmann émane cet ascendant naturel qui jamais ne recourt aux artifices de la grosse voix ou de l'argument d'autorité. Gestes mesurés, phrasé minutieux, recherche du mot juste... Difficile de l'imaginer foudre de guerre. Inspirateur principal du retentissant «Appel de Cochin», signé à ce jour par plus de 17 000 scientifiques, réclamant du gouvernement qu'il revoie sa politique de recherche.
Alain Trautmann peut déjà compter une chute à son actif : le masque de technicienne au service de la science que l'ex-astronaute et ministre Claudie Haigneré tentait de conserver, malgré les avanies financières de Bercy. Interpellée à l'Assemblée, elle quitte l'avantageuse posture. Prétend que la cause du mal réside dans la gestion «de la gauche», première apparition d'un gros mot politique dans son vocabulaire. Traite de «vision trop administrative» le plan d'embauche de chercheurs du gouvernement Jospin. Affirme ne voir, dans la suppression de 550 postes de scientifiques remplacés par des CDD, que «souplesse et réactivité».
«C'est justement ce qui a mis le feu aux poudres», rétorque, à distance, le biologiste. Que les crédits manquent, ici ou là, pour mener la course en tête, contester la suprématie scientifique américaine, il le regrette. Fustige les ministres, sans oublier Allègre. Mai