Menu
Libération

Le chat, animal de bonne et très vieille compagnie

Article réservé aux abonnés
publié le 10 avril 2004 à 0h11

Depuis 9 500 ans, la double dépouille reposait dans le sol de Chypre. Un homme, un chat. Un homme entouré de haches polies, de lames de silex brutes, d'un morceau de pierre ponce, d'une pierre verte de parure, et de 24 coquillages. Une offrande funéraire «exceptionnelle pour la période et le lieu, un petit village néolithique», explique Jean-Denis Vigne, (CNRS/Muséum national d'histoire naturelle). Découverte sur le site de Shillourokambos, fouillée sous la direction de Jean Guilaine, du Collège de France. Et, dans une fosse creusée à vingt centimètres de l'homme, la sépulture ­ difficile d'employer un autre mot ­ d'un chat de 8 mois.

Sacrifice. Spécialiste de l'histoire de la domestication des animaux dans le bassin méditerranéen, Jean-Denis Vigne ne pouvait sous-estimer la découverte, publiée par la revue Science (1). «La plus ancienne trace archéologique avérée de la domestication du chat remontait à 2000 avant Jésus-Christ, en Egypte. Là, nous opérons un saut de 5000 ans en arrière, vers le début de la sédentarisation et de l'agriculture.» Et sans aucune ambiguïté sur le caractère tout à fait singulier d'une relation très forte entre l'homme et le chat, unis dans la mort, probablement après le sacrifice de l'animal.

L'origine de la présence du chat à Chypre ne fait aucun doute pour Jean Denis Vigne. «Il n'y a pas de chat sauvage dans l'île avant l'arrivée de l'homme, il y a 10 000 ans. Il est donc venu dans les navires, depuis le continent, déjà apprivoisé.» Un qualificati