Les cris d'alarme d'un animal ne servent pas qu'à alerter sa propre espèce. Hugo Rainey, Klaus Zuberbühler et Peter Slater, de l'université anglaise de Saint Andrews, viennent de démontrer que le cri de certains animaux est également un signal pour d'autres espèces ayant le même prédateur.
En Afrique de l'Ouest, les singes Diana émettent des signaux d'alerte différents lors des attaques de leurs deux principaux ennemis : les léopards et les aigles couronnés. Ces primates vivent souvent dans les mêmes arbres que les calaos, espèce d'oiseau à long bec, parmi les plus grands de la forêt ivoirienne. Sans être la proie des léopards, ces oiseaux sont, comme les singes Diana, chassés par les aigles couronnés.
Zuberbühler, spécialiste du langage animal, a montré que les calaos sont prévenus de la présence de leurs prédateurs par les cris des singes. Ils savent faire la différence entre les cris émis lors d'attaques d'aigles ou de léopards. Dans le premier cas, les oiseaux peuvent fuir et crier à leur tour pour prévenir les autres calaos, et tenter de décourager l'attaquant. Dans le second cas, n'étant pas menacés par les léopards, ils ne crient pas, pour éviter de signaler leur présence à d'autres prédateurs.
C'est la première fois que l'on découvre que les cris de singes sont également compris par des oiseaux. Pour Rainey, qui a longtemps vécu en Côte-d'Ivoire, cette découverte est extraordinaire : «Dans la forêt ivoirienne, les animaux sont extrêmement nombreux, leurs cris se superpo