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Interview

Le triangle des Bermudes «Il y avait un terrain fertile aux divagations»

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Jean-Yves Bernot, navigateur et météorologue, est souvent passé dans cette zone :
publié le 30 juillet 2004 à 1h37

Jean-Yves Bernot, 54 ans, navigateur rochellais, est également routeur et météorologue. C'est un tour-du-mondiste qui a déjà navigué dans cette zone. Il dresse un tableau isobarique, savant et amusant de ce triangle des Bermudes.

Comment raconteriez-vous cette zone subtropicale ?

C'est d'abord une zone pénible pour la navigation et les marins l'ont toujours crainte. Pourquoi ? Les cyclones sont localisés sur les Bahamas et sur les Bermudes, et je ne parle pas des actes de piraterie. De plus, en hiver, se forment sur cette zone de fortes dépressions, et il n'est pas étonnant que des bateaux aient sombré. Météorologiquement, c'est une zone de liaisons intertropicales avec des zones plus froides. L'été, c'est un endroit propice à la formation des cyclones, et les bateaux peuvent disparaître sans laisser la moindre trace. Cela vaut aussi pour les petits avions. Au contact des eaux tropicales et de l'anticyclone froid au-dessus des Etats-Unis, se forment des dépressions très hargneuses qui se déplacent au nord de la Floride et reprennent ensuite de la vigueur sur le Gulf Stream. Pour parler nettement : c'est une zone de merde. Il existe une même zone dans le Pacifique, celle de la mer de Chine, avec typhons et piraterie.

Tout concourait à la construction du mystère ?

Ce n'est pas étonnant que les problèmes soient nés ici. Le Gulf Stream, avec ses eaux chaudes, favorise la convection locale des grains. Ils s'amplifient ici, et c'est ainsi que les cyclones prennent de la puissance. Une dépression qui s'y grefferait pourrait être alimentée en énergie par la surface de la mer et pr