«Le Newton de la biologie.» C'est ainsi que le généticien français Raymond Devoret qualifiait récemment Francis Crick, né en Angleterre et mort mercredi d'un cancer, à 88 ans, en Californie. Les sourcils broussailleux évoquant une icône de Méphistophélès, les lèvres minces et le rire tonitruant, Francis Crick est indissociable de James Watson, avec qui il a partagé le prix Nobel, en 1962 (1), pour avoir découvert la structure de la molécule de l'ADN, l'acide désoxyribonucléique.
Réplication. Dans un bref article publié neuf ans auparavant dans la revue Nature, Watson et Crick avaient fait une proposition théorique selon laquelle l'énorme molécule qui se trouve dans le noyau de toutes les cellules, de la bactérie à l'homme, est constituée de deux brins enroulés en une double hélice capable, pour des raisons physico-chimiques, de se répliquer à l'identique sauf mutations. La proposition était simplement lumineuse : elle permettait de trancher le vieux débat sur l'identité de la molécule biologique portant les gènes (protéine ou ADN ?). Il devenait évident que l'ADN, doté d'une structure unique lui assurant une capacité de réplication, était la «molécule de la vie», celle qui transmet les caractères héréditaires d'une division cellulaire à l'autre, d'une génération à l'autre, et cela depuis l'aube de la vie, il y a 3,5 milliards d'années.
Dans cette découverte signée en tandem avec Watson, Crick a incontestablement joué un rôle de catalyseur d'idées, apportant ses connaissa