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Libération

L'ulcère, dans les armes des Conquistadors

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publié le 4 août 2004 à 1h40

Lorsque les Conquistadors ont débarqué en Amérique, à la fin du XVe siècle, ils ont apporté aux populations indigènes quelques fléaux bien connus des historiens de cette épopée : la variole, le typhus, la rougeole, les oreillons, la diphtérie, la lèpre, la grippe et la tuberculose. Mais voici qu'une étude récemment publiée dans Science (1) invite à ajouter un nom à ce cortège morbide : l'ulcère gastrique, un mal chronique que l'on sait depuis peu (2) être dû à la bactérie Helicobacter pilori.

Groupe sanguin. Cherchant à comprendre les secrets du «succès» de cette bactérie qui gîte aujourd'hui ­ le plus souvent sans dégâts graves ­ dans l'estomac de la moitié de la population mondiale, une équipe de chercheurs dirigée par Thomas Borén (Umea University, Suède) et Douglas Berg (Washington Medical School, Saint Louis) a comparé quelque 373 souches d'H. pilori prélevées dans des contrées diverses, sur des Japonais et des Espagnols en passant par des Allemands et des Péruviens d'origine amérindienne. Les biologistes ont tout particulièrement étudié les diverses formes prises, dans cette collection de souches, par une protéine sécrétée par la bactérie pour s'arrimer à la paroi de l'estomac. Cet arrimage se fait par «adhésion» à des molécules humaines très nombreuses dans l'estomac, et spécifiques du groupe sanguin de l'individu. Ce dernier détail est d'importance pour retracer l'origine de l'ulcère du Nouveau Monde.

En effet, alors qu'H. pilori affiche, dans le monde entier, une affi