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Histoire de matière - Histoire d'antimatière

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publié le 5 août 2004 à 1h40

Au début, c'était simple : il y avait dans l'univers autant d'antimatière que de matière. C'était à l'époque du Big Bang. Depuis, les choses ont pas mal changé puisque la matière a gagné la partie. Sinon nous ne serions pas là pour en discuter. Où est donc passée l'antimatière, cet exact inverse de la matière ? La réponse, suppute-t-on depuis une cinquantaine d'années, se trouve dans la question : l'antimatière ne serait pas un «exact» inverse, comme une image dans un miroir ; il y aurait de subtiles différences avec l'original, qui ont fait que l'antimatière a eu moins d'avenir que son opposé. La preuve la plus spectaculaire à ce jour de cette asymétrie vient d'être repérée par une équipe internationale associant 600 physiciens autour de l'expérience Babar, en Californie.

Babar, c'est le nom d'un détecteur installé depuis 1999 au centre Slac de Stanford. L'appareil a la taille d'un gros éléphant, mais son nom lui vient en fait d'une particule ­ le méson B ­ dont le comportement a pu être étudié très précisément grâce à l'installation. Résultat de ces analyses, annoncé en début de semaine : le méson B et son antiparticule (tous deux à l'existence très brève) ne se désintègrent pas tout à fait de la même façon.

Ce ne sont certes pas des choses qui se voient à l'oeil nu ­ il a fallu analyser 200 millions de désintégrations de paires de B et d'anti-B ­, mais c'est la première fois que l'asymétrie matière-antimatière est établie de manière aussi manifeste.

En 1964, des physiciens (