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Libération
Interview

«Bientôt des athlètes génétiquement dopés»

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publié le 28 août 2004 à 1h55

Gérard Dine, président de l'institut biotechnologique de Troyes et coauteur d'Exploration et suivi biologique du sportif (1), suit de près la dérive des thérapies géniques au profit des sportifs. Depuis trois ans, il ne cesse d'alerter sur les dangers du dopage génétique.

L'étude sur des souris dopées génétiquement prouve-t-elle que nous sommes proches du dopage génétique chez l'homme ?

Cette étude était attendue et ce n'est pas la première du genre ! Toutes ces expériences montrent que nous passons très vite de la compétence scientifique au support technologique. On maîtrise désormais 95 % des gènes codant pour les protéines musculaires. Or, quel est le plus gros marché de l'amélioration des muscles ? Certainement pas les myopathes ! Il faudrait être angélique pour ne pas penser que cette technologie ne sera pas détournée au profit des sportifs. Aujourd'hui, on a à la fois la connaissance scientifique et la compétence technologique (en tout cas aux Etats-Unis). Le seul frein, c'est l'éthique. Mais la moyenne des gens éthiquement responsables est la même en politique que dans le sport... Il faut être réaliste : je ne pense pas que des athlètes soient déjà dopés génétiquement, mais c'est pour bientôt.

Comment se dope-t-on génétiquement, et que sera un athlète génétiquement modifié ?

Le dopage génétique, c'est une manipulation de gènes liés à la performance. On transfère du matériel génétique dans les muscles visés, ce qui permet l'expression de protéines augmentant les capacités