Gol Mod (Mongolie), envoyé spécial.
Ils sont venus à cheval, en moto ou en jeep de fabrication russe. Tous les nomades dispersés dans cette région perdue du centre de la Mongolie ont ce soir-là fait la fête avec les Français. Plusieurs moutons sont passés à la broche, la vodka a coulé à flots et la sono a diffusé une musique disco hybride digne des temps globalisés. «Au début, nous avions droit à des visites de policiers pour vérifier ce que nous faisions ; désormais, tout le monde vient nous rendre visite, nous avons été acceptés», se félicite Jean-Paul Desroches du musée Guimet de Paris, directeur de la mission archéologique française de Gol Mod, à 500 kilomètres d'Oulan-Bator.
Cette fête rudimentaire au milieu d'une steppe grandiose de forêts et de lacs illustre le chemin parcouru en cinq campagnes annuelles franco-mongoles sur un site vieux de plus de 2 000 ans. Peut-être aussi les nomades mongols ont-ils compris que les archéologues n'étaient pas là pour piller les trésors du passé mais pour aider leur peuple à retrouver un pan de son identité. Un enjeu non négligeable s'agissant de 2,5 millions d'habitants vivant sur une terre trois fois grande comme la France, «coincée» entre deux géants qui ne se sont jamais gênés pour l'occuper : la Russie et la Chine.
Barbares. Les fouilles franco-mongoles se déroulent chaque été seule période où la température le permet sur le site d'une nécropole des Xiongnu, c'est-à-dire les ancêtres des Huns qui viendront plus tard bousculer l