On regrette vivement de ne pas être macaque à la lecture de la découverte publiée aujourd'hui dans la revue Science et réalisée par une équipe helvético-américaine sous la tutelle d'Oliver Hartley, de l'université de Genève. Il s'agit, en toute simplicité, de la recette d'une pommade d'application vaginale capable de bloquer totalement l'infection par le virus du sida chez 80 % de ses usagers. Au rayon de la prévention, seul le préservatif peut en théorie prétendre outrepasser cette performance, pour autant qu'il soit utilisé (ce qui est loin d'être toujours le cas) en pratique.
La recette offerte dans Science a donc de quoi faire rêver. Avec prudence toutefois, puisqu'elle a été testée sur des dames singes infectées, pour les besoins de l'expérience, par un virus du sida «chimère», mi-humain, ni simiesque. Mais avec enthousiasme aussi, car elle démontre, pour la première fois, qu'il est possible de faire barrage au virus du sida par des moyens chimiques qui n'ont, de surcroît, rien d'empiriques. Le produit utilisé par les chercheurs est directement dérivé des connaissances acquises au niveau moléculaire sur la voie empruntée par le virus pour pénétrer dans les cellules de son hôte. La pommade agit en obstruant, de façon ciblée, la porte d'entrée du virus.
Arrimage. Cette porte a pour nom CCR5, bien connu de tous les chercheurs travaillant sur le sida. Il s'agit là en effet de la principale voie utilisée par le virus pour entrer dans sa cellule cible, le globule blanc. L'a