Mettre le Soleil en bouteille. Et se servir de sa chaleur pour produire de l'électricité à gogo. Projet de science-fiction. Rêve d'ingénieur dont la genèse intellectuelle remonte aux années 30, lorsque Hans Bethe élucide la chaîne complexe de réactions nucléaires qui fait briller les étoiles.
Principe ? De quatre faire un. Quatre noyaux d'hydrogène (des protons) fusionnent en un noyau d'hélium (deux protons et deux neutrons). Du coup, le Soleil maigrit car le noyau d'hélium ne fait que 3,97 fois la masse d'un hydrogène de 500 millions de tonnes par seconde depuis quatre milliards d'années. Cette perte, comme l'a démontré Albert Einstein (E = mc2), se mue en énergie. Et voilà pourquoi le Soleil brille.
Défi.
Copier la recette stellaire s'annonce coton. Le mariage des noyaux s'y opère contraint et forcé par les 500 000 bars et les 15 millions de degrés régnant en son coeur. Facile pour le Soleil, il lui suffit d'être très massif, gravitation et forces nucléaires s'unissant pour fabriquer un réacteur thermonucléaire autocontrôlé. D'où la longue perplexité des ingénieurs devant le défi. Ils savent déclencher le feu stellaire dans les bombes H (pour hydrogène) en utilisant une bombe A (à l'uranium ou au plutonium) comme amorce. Mais cette piste ne peut mener qu'à l'explosion, pas au contrôle. Pourtant, dès 1946, deux Britanniques déposent un brevet pour un réacteur en forme de tore (une couronne) abritant un gaz chauffé par radio-fréquences. En 1958, une conférence international