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Libération

Chez les fourmis, seules les reines sont conçues sans sexe

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par Florence HEIMBURGER
publié le 10 décembre 2004 à 3h25

Chez certaines fourmis, les castes d'individus se distinguent aussi par le mode de conception qui leur donne le jour. Une étude publiée dans Science (1) montre que les reines de l'espèce Cataglyphis cursor ont choisi la reproduction asexuée pour engendrer leurs héritières et celle sexuée pour les ouvrières. «C'est la première espèce de fourmi pour laquelle on met en évidence un tel système reproductif», explique Laurent Keller, directeur du département de l'écologie et de l'évolution de l'université de Lausanne et coauteur de l'étude. Pour aboutir à ces conclusions, les chercheurs belges, français et suisses ont étudié 38 colonies de l'espèce prélevées dans le sud de la France.

Les scientifiques se sont aperçus que, pour concevoir ses dignes filles, la reine ne copule pas : elle utilise la parthénogenèse, c'est-à-dire qu'elle «remplace» le matériel génétique du mâle par une copie de ses propres gènes. Un avantage reproductif qui assure à la génitrice la pérennisation de ces gènes. Toutefois, la parthénogenèse a des inconvénients : «Un peu comme chez l'homme, il y a des risques de consanguinité, souligne Laurent Keller, et avec ce mode de reproduction, la diversité génétique est moindre. L'adaptation au milieu sera alors moins bonne.» Dans ces conditions, il est facile pour un parasite de décimer la population royale. Qu'importe ! Les reines, qui sont toujours protégées et nourries par les ouvrières dans le nid, sont moins exposées aux risques environnementaux que leurs petite