Menu
Libération

Homo floresiensis, tempête sur un crâne

Article réservé aux abonnés
publié le 10 décembre 2004 à 3h25

Le réveil est brutal pour qui a dormi 18 000 ans à six mètres sous terre, au fond d'une grotte d'une île d'Indonésie nommée Flores. Homo floresiensis ­ ce fossile présenté le 28 octobre comme le représentant d'une espèce d'Homo inconnue, contemporaine des sapiens et minuscule de taille (Libération du 29 octobre) ­ est aujourd'hui l'objet d'une polémique rageuse sur le champ batailleur de la paléontologie. Voilà qu'on lui conteste son titre, qu'on se dispute ses ossements, qu'on l'enlève même, qu'on le séquestre...

Microcéphalie. L'assaut a été donné, trois jours après l'annonce de la découverte, par un paléopathologiste de l'université d'Adélaïde, en Australie. Le 31 octobre, Maciej Henneberg fait part à la presse de ses doutes sur l'identité du squelette décrit dans la revue Nature par son compatriote Peter Brown, de l'université d'Armidale. La petite tête de l'«homme de Flores» évoque, selon lui, le crâne d'un Homo sapiens vieux de 4 000 ans découvert en Crète et atteint de microcéphalie. De nouvelle espèce, point. Quelques autres experts abondent dans le même sens, la polémique sourd et éclate enfin le 5 novembre, quand l'Indonésien Teuku Jacob, 73 ans, professeur à l'université de Gadjah Mada à Yogyakarta, s'adresse à la presse. Le scientifique, réputé «roi de la paléoanthropologie» en Indonésie, soutient la thèse d'un Homme de Flores atteint de microencéphalie ou simplement petit Sapiens façon pygmée. Il demande à examiner les os litigieux et obtient bientôt leur garde.

L