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Libération

Les leçons de la grippe espagnole

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Santé. Retour sur la pandémie de 1918.
par Florence HEIMBURGER
publié le 18 décembre 2004 à 3h32
(mis à jour le 18 décembre 2004 à 3h32)

En théorie, une forme de grippe similaire à la grippe espagnole pourrait être jugulée si elle émergeait. En pratique, c'est moins sûr. Des chercheurs de l'école de santé publique d'Harvard sont revenus sur la pandémie de 1918 pour évaluer sa contagiosité (1). Surprise, elle n'est pas si élevée. Et pourtant, elle a tué entre vingt et quarante millions de personnes.

A partir de données épidémiologiques de quarante-cinq villes américaines touchées à l'époque, les scientifiques ont déterminé le nombre de cas dits «secondaires». Il était d'environ trois, ce qui signifie que chaque personne atteinte en avait contaminé trois autres en moyenne. «Ce n'est pas une contagiosité effarante», s'étonne Jean-Thierry Haubin, adjoint au Centre national de référence (CNR) de la grippe à l'Institut Pasteur. Les auteurs le confirment : la grippe espagnole était à peine plus contagieuse que celles de 1957 et de 1968.

A quoi tenait cette hécatombe ? A l'intensité du virus, confirment les chercheurs américains. La proportion de cas mortels était dix fois plus élevée que pour les autres pandémies de grippe. De plus, sa durée d'incubation ­ entre deux et quatre jours ­ «était plus courte que celle du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), qui est d'une semaine», rappelle Christina Mills, coauteur de l'étude. Une rapide apparition de la toux projetait le virus. Le cocktail était alors meurtrier. D'autant plus qu'il «existait peu de moyens à l'époque pour traiter une insuffisance respiratoire», mentio