Après les pavés, le pavé. En 2004, les scientifiques ont arpenté par milliers les rues de Paris et de province pour contraindre le gouvernement à reculer sur les aspects les plus négatifs de sa politique de la recherche. Avec un succès remarquable, puisque des crédits gelés ont été versés, des emplois supprimés rétablis et plusieurs centaines de postes créés pour les universités. Un résultat à la hauteur d'une mobilisation sans précédent, où l'outil Internet a joué un rôle central jusque dans l'intervention des «expatriés», ces milliers de jeunes chercheurs terriblement inquiets devant l'absence de perspectives d'emplois en France.

Ils démarrent 2005 avec le lancement du pavé ­ un livre de 477 pages, sobrement intitulé les Etats généraux de la recherche. 9 mars-9 novembre 2004. Sorti en librairie cette semaine (1), il rend compte du mouvement des chercheurs, des débats tenus à Grenoble en octobre (Libération des 28, 29 et 30 octobre 2004) et publie in extenso les propositions des états généraux remis au gouvernement. De quoi revenir sur un mouvement social exceptionnel et surtout sur l'affrontement qui se joue autour de la préparation d'une loi d'orientation et de programmation pour la recherche, mais aussi des décisions budgétaires courantes (lire ci-dessous).

Bénéficiant d'une touchante unanimité des discours politiques quant à sa nécessité, la recherche publique n'en demeure pas moins bridée par des financements insuffisants ­ l'apparent bonus du budget de 2005 ne permet pa