Les vieilles pierres n'émoussent pas la violence des querelles qui secouent le monde de l'égyptologie. La crise qui sévit au prestigieux Institut français d'archéologie orientale du Caire (IFAO), pour le remplacement de son directeur, a peu à voir avec l'archéologie. Contre l'avis de la plupart des égyptologues français, son directeur, Bernard Mathieu, ne sera sans doute pas renouvelé dans ses fonctions : le ministère de l'Education nationale a proposé à Jacques Chirac, qui doit signer la nomination, la candidature de Laure Pantalacci, professeur à l'université de Lyon 2. Ceci au terme de quatre mois «sanglants», selon les acteurs. Avec, en arrière-plan, une archéologie égyptienne qui se veut maître en son pays, et des relations parfois tendues avec les Français.
Pétition. En novembre 2004, après cinq ans à la tête de l'IFAO, Bernard Mathieu semblait assuré de réaliser un deuxième mandat. Les trois assemblées qui doivent se prononcer l'Académie des belles lettres, le Conseil national des universités et l'IFAO avaient donné des avis favorables. Soudain, coup d'arrêt : le ministère de l'Education nationale suspend la procédure, nomme un administrateur provisoire et décide de relancer le concours. En langage diplomatique, il s'agit de «redynamiser» l'institution. En réalité, «nous sommes embêtés par cette histoire depuis le début», raconte un conseiller du ministère. «Des membres éminents de la communauté scientifique étaient, vent debout, contre le renouvellement de Bernard