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Libération
Reportage

Pêcher écolo

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Rétablir l'écosystème marin pour permettre une pêche durable: c'est la leçon d'une étude de cinq ans réalisée par l'Ifremer sur le golfe de Gascogne.
publié le 9 avril 2005 à 1h41
(mis à jour le 9 avril 2005 à 1h41)

Le poisson, ça peut rapporter gros. A condition de le livrer «entier», précise-t-on sous l'alléchant «Récompense : 50 euros» qui orne la porte d'entrée de l'Opob ­ Organisation des pêcheries de l'Ouest Bretagne ­, sur le port du Guilvinec. Le gibier recherché n'est pas de potence, même s'il est à sang froid : «merlu», est-il précisé sous le dessin. 50 euros le merlu ? Oui, s'il porte, sur la nageoire dorsale, une étiquette jaune marquée Ifremer ­ Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer. Ces merlus ont été capturés par l'équipe d'Hélène de Pontual, sur le Gwen Drez de l'Ifremer. Hissés à bord par un chalut au cul modifié afin de conserver les poissons dans un sac d'eau. Puis on leur a injecté un fluorochrome qui se niche dans les otolithes (petits os de l'oreille interne), avant de les marquer et de les rendre au grand bleu. Capturé plus tard par un pêcheur et remis aux biologistes, le merlu révélera alors son âge. Et là, «surprise !», résume Hélène de Pontual : «La croissance des poissons est deux fois plus rapide que prévu. Nous surestimions leur âge, en conséquence de quoi les modèles de dynamique des populations utilisés pour prévoir l'évolution des stocks et gérer les pêches étaient faux.» Est-ce grave ? De la Norvège à la Mauritanie, l'Atlantique fournissait 120 000 tonnes de merlu en 1960, à peine 50 000 aujourd'hui. La plupart des pêcheurs savent, reprenant la formule de l'halieute ­ spécialiste ès stocks de poissons ­ Jacques Massé, qu'«un pêcheu