Deux cent dix-sept ans après la disparition de La Pérouse, une expédition, conduite par la Marine nationale et l¹association néo-calédonienne Salomon, part sur les traces du navigateur. Le linguiste Alexandre François raconte cette aventure.
L'esprit encyclopédique, qui animait les circumnavigations du siècle des lumières, permit à de nombreux savants d'embarquer à bord de la Boussole et de l'Astrolabe. Les découvertes que ces naturalistes botanistes, zoologues, géographes ont pu accomplir aux quatre coins du Pacifique furent transmises à la France pour la dernière fois au cours de l'escale au Kamchatka. Tout ce que l'expédition Lapérouse a pu ensuite recueillir d'échantillons, d'objets, de notes manuscrites, au cours des ultimes étapes en Australie et en Nouvelle-Calédonie, a été perdu au cours du naufrage de 1 788.
En fouillant les épaves en mer ou le camp des Français, nos équipes de recherches gardent toujours l'espoir de retrouver ces précieux souvenirs recueillis par les savants du passé, traces de ces lointaines rencontres entre France et Océanie. Qui sait, quelques flacons brisés, des objets égarés, des carnets enfouis ? Cette semaine, la découverte de fragments de papier, même sans écriture, ranime notre flamme.
Au cours de mes séjours dans les villages mélanésiens en vue d'apprendre les trois langues de Vanikoro, j'explique au chef Thomas ce que nous cherchons. A ma grande surprise, il me prend alors par le bras, m'invite à m'asseoir sous un arbre, et me conte une