Carotte et bâton. François Fillon a manié les deux, vendredi, à l'égard des scientifiques, à la fin d'une visite au centre du CEA de Bruyères-le-Châtel (Essonne). La veille, les chercheurs annonçaient qu'ils se retiraient des discussions sur le projet de loi pour la recherche. La carotte, ce sont «3 000 postes créés en 2007» et l'assurance que la loi entrera en vigueur «dès janvier 2006». S'y ajoute une vague promesse: ce rythme de création sera poursuivi les années suivantes. Le bâton ? «Il n'y aura pas de crédits supplémentaires sans acceptation des réformes.» Le ministre menace même d'inscrire dans la loi que l'augmentation des moyens dépendra de leur mise en oeuvre.
Curieusement balancés par l'assurance qu'il n'est pas possible de réformer la recherche «sans les chercheurs et enseignants-chercheurs, moins encore contre eux», ces propos rugueux indiquent clairement que le sprint final de la loi d'orientation et de programmation sera un rude combat sur deux fronts : les moyens et les réformes. Alors que François Fillon annonce «un quasi-accord [de ses interlocuteurs] sur un nouveau système d'évaluation, le rôle de l'Agence nationale de la recherche et la création de pôles de recherche et d'enseignement supérieur», Jean Fabbri, secrétaire général du Snesup, fait état à l'inverse de «désaccords majeurs». «Le gouvernement n'a pas installé un climat de confiance dans les réunions de travail, et le texte sur l'évaluation n'apporte aucune garantie de voir respecter les principes