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Libération

L'autre mort des animaux du Muséum

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publié le 23 juin 2005 à 2h42

Siam l'a mauvaise. Coutures explosées sur près d'un mètre à la patte avant droite, plus de 50 cm sous le menton. L'énorme éléphant du zoo de Vincennes, taxidermisé en 1997, trône dans la grande galerie de l'Evolution, au Muséum national d'histoire naturelle, à Paris. Moderne, haut lieu d'éducation et de culture populaire ( 700 000 visiteurs en 2004), le site semblait lui offrir une seconde vie. C'était sans compter sur la direction du Muséum, responsable de la maintenance des machines qui, en coulisses, contrôlent température et humidité.

Peau et poil. Résultat ? Le rhinocéros de Louis XV, taxidermisé en 1793, a vu sa peau historique craquer sur près d'un demi-mètre sur l'épaule droite et sous le ventre. Le rhinocéros blanc de la «caravane de la savane» qui traverse la nef centrale de la galerie a la peau tendue à craquer sur son squelette de bois, des traînées blanches indiquent qu'elle va bientôt lâcher. Fissures aussi, en pleine peau, sur le rhino noir, l'hippopotame ou le buffle. Et mites, attirées par chaleur et poussières, pour un lion, envoyé se refaire peau et poil dans l'atelier des taxidermistes.

Le directeur des galeries, Michel Van-Praët, a fermé fin mai la salle des espèces disparues, refusant de prendre de plus grands risques avec des pièces uniques.

Pourtant, nulle surprise dans cet accident. Si la température est montée jusqu'à 35 °C dans la galerie, la panne de la climatisation aurait pu être évitée si le directeur général Bertrand-Pierre Galey avait engagé les