Ce ver est une énigme. «Une inconnue gigantesque, renchérit Daniel Desbruyères, chercheur à l'Ifremer ( Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) et l'un des premiers à l'avoir décrit. Tout ce qu'on trouve sur lui semble tellement fou, en dehors de ce qu'on pouvait imaginer.» L'animal vivant sous une pluie de cendres, on l'a baptisé «ver de Pompéi». Rien de macabre là-dedans : Alvinella pompejana est un magnifique ver rose bonbon, d'une quinzaine de centimètres, dont on n'aperçoit souvent que la houppette émergeant d'un tube blanchâtre.
Précipitation. Le volcan, lui, est sous-marin. A. pompejana a élu domicile à plus de 2 500 mètres de profondeur, dans l'obscurité des sources hydrothermales de la dorsale est-pacifique. Là, les plaques terrestres s'écartent, des fissures se forment où l'eau de mer s'infiltre, s'approche des chambres magmatiques, puis rejaillit, surchauffée (entre 350 et 400 °C) et chargée en métaux et sulfure d'hydrogène. Au contact de l'eau à 2 °C, les minéraux précipitent et forment une fumée noire. Découvert il y a peu (1979) sur les parois de ces cheminées actives, le ver de Pompéi demeure aujourd'hui encore, pour les scientifiques, comme une charade dont personne ne connaît la réponse.
Mon premier est couvert de poils. A. pompejana sort rarement de son tube friable, qu'il sécrète à même le basalte. Mais, lorsqu'il s'extrait légèrement pour brouter les bactéries alentour, on distingue sur son corps d'abondants filaments