Le diable de Tasmanie est un animal qui gagne à être connu. Non pas à cause de son cri, qui a glacé le sang des premiers colons blancs à s'être aventurés dans l'île, au début du XIXe siècle. Ni de son appétit de charognard assouvi en groupe hargneux au coeur des nuits tasmaniennes. Ni encore du rouge qui embrase ses oreilles pointues lorsqu'il s'énerve. Ni même de ses mâchoires aussi puissantes que celles d'un pitbull adulte. Ni de son odeur puante. Toutes ces choses-là lui ont déjà valu une réputation satanique, colportée à l'écran par le Taz de la Warner Bros réputation surfaite, d'ailleurs, car l'animal ne mesure que 80 cm hors queue, pèse 10 kg et vit dans la crainte de l'homme... Or donc, si le diable de Tasmanie mérite aujourd'hui une attention particulière, notamment celle des cancérologues, virologues, généticiens et épidémiologistes, c'est parce qu'il est la proie d'une maladie nouvelle, dévastatrice, d'origine mystérieuse, et qu'il est, de surcroît, le dernier mammifère marsupial carnivore au monde.
DFTD, Devil facial tumour disease, maladie de la tumeur de la face du diable, c'est là le mal qui l'afflige, horrible en effet, puisqu'il s'agit d'un cancer qui dévore ses babines, infiltre son sang et le conduit à la mort en l'espace de cinq mois. Maladie étrange aussi, puisque ce cancer se répand comme une peste. «La population globale des diables était évaluée à 130 000 individus avant la découverte du premier cas en 1996», nous a déclaré Clare Hawkins, épidémiologi