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Libération

La conscience du soi simiesque

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Les groupes de singes possèdent cultures et traditions.
publié le 1er septembre 2005 à 3h29

Qu'avons-nous encore à apprendre du chimpanzé, ce si proche cousin, bagarreur, peu partageur, épris de pouvoir ? Voilà un siècle à peine que les hommes l'étudient de près dans la nature ou en laboratoire, faisant reculer les frontières qui le séparent d'Homo sapiens. Les deux revues Science et Nature ont mis leurs efforts en commun pour dépasser le seul résultat de la génétique et ouvrir sur tous les travaux concernant le comportement des grands singes, espèce par ailleurs très menacée.

Le chimpanzé est un primate plein de ressources. On le croyait dépourvu de langage ? Il est capable d'apprendre la langue des signes. L'utilisation d'outils était le propre de l'homme ? Il manie parfaitement le bâton pour attraper les termites ou le principe du marteau et de l'enclume pour casser des noix. Il se reconnaît dans un miroir, possède une certaine «conscience» de soi. Les observations sur le terrain mènent les primatologues encore plus loin. Ils ont découvert que les groupes de singes possèdent des traditions ­ que certains appellent culture: un groupe utilise une technique de chasse ou d'épouillage et se la transmet de génération en génération. Sur le site de Goualougo au Congo, les chercheurs ont observé des chimpanzés utilisant deux outils pour la chasse aux termites, un bâton dur qui creuse un tunnel de 30 cm et une tige légère qui pénètre dans le sol et ramène les termites. C'est le seul endroit où cette technique a été constatée.

Franz de Waal, l'un des plus célèbres primatolog