Les scientifiques avaient bien vendu leur projet : s'ils avaient les moyens de séquencer le génome du chimpanzé, en le comparant à celui de l'Homme, ils sauraient quels sont les gènes qui ont fait l'hominisation. Séduisant. Ils ont obtenu l'argent. Ils publient aujourd'hui, dans la revue américaine Nature et dans la britannique Science, la presque totalité du génome du chimpanzé. Mais les résultats sont loin d'enthousiasmer la communauté scientifique. «Nous avons la séquence, mais nous ne savons pas comment l'interpréter», avoue Jennifer Hugues, du Whitehead Institute, qui a participé à l'analyse du chromosome Y (celui qui fait le genre masculin). La séquence humaine et celle du chimpanzé sont quasi identiques. Elles ne diffèrent que de 1,2 % environ, mais ces différences affectent des milliers de gènes. «Impossible de dire quelles sont celles qui ont du sens et quelles sont celles qui n'en ont pas. On ne peut pas tirer de conclusions», commente Jean Weissenbach, du Génoscope d'Evry.
Les généticiens préfèrent rester dans le vague. «Le nombre de différences génétiques entre les hommes et les chimpanzés est environ soixante fois inférieur à celui que l'on a pu observer entre les hommes et les souris.» Et il y a dix fois moins de différences entre un homme et un chimpanzé qu'entre une souris et un rat. Les chercheurs affirment que «le nombre de différences génétiques entre un humain et un chimpanzé est dix fois supérieur à celui qui existe entre deux hommes».
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