C'est un couple diabolique qui vit en Amazonie et donne parfois à la forêt d'étranges allures. Aussi assassine que minuscule, la fourmi Myrmelachista schumanni, véritable herbicide sur pattes, fait le vide autour d'elle, élimine toutes les plantes excepté son arbre favori, celui dans lequel elle niche : le Duroia hirsuta. L'empoisonneuse vient d'être mise en examen.
Certaines zones de la forêt amazonienne se réduisent bizarrement à une seule espèce d'arbre, qui tranche avec la luxuriance des alentours. Les habitants ont surnommé ces endroits «les jardins du diable». Selon la légende, ils sont hantés par un esprit diabolique de la forêt. Des chercheurs penchaient plutôt pour une aptitude du Duroia hirsuta à empêcher toute autre espèce d'arbre de pousser à proximité. Mais l'équipe américaine de Megan Frederickson (1) s'est livrée à une petite expérience pour vérifier qui, de l'arbre ou de la fourmi, est le coupable. Elle a planté une espèce commune en Amazonie, des cèdres Cedrela odorata, à l'intérieur et l'extérieur de ces jardins du diable. Les redoutables tueuses se sont jetées sur les pousses de cèdres, injectant leur venin, de l'acide formique, dans les feuilles : celles-ci ont développé une nécrose en 24 heures et sont tombées en cinq jours. Les cèdres préservés des fourmis se sont, eux, développés normalement.
Beaucoup de fourmis fabriquent de l'acide formique, les rousses par exemple l'utilisent pour tuer leur proie, «mais c'est la première fois que nous rencontrons une