Pendant que les jurés planchent sur l'attribution des Nobel, une bande de potaches de l'université de Harvard a remis jeudi soir ses «IgNobels» (prononcer «ignobles»), des prix créés en 1991 pour honorer des recherches inutiles, drôles ou néfastes (1). Une cérémonie retransmise en direct sur Internet où vrais et faux Nobel se partageaient la vedette. Jusqu'à l'an dernier, l'Américain Roy Glauber, 80 ans, se chargeait de passer le balai sur scène. Une fonction désormais incompatible avec ses galons de (vrai) Nobel de physique qu'il a gagné mardi.
Ténacité. John Mainstone, de l'université du Sud Queensland (Australie), a fait le déplacement. Car il partage avec Thomas Parnell (décédé en 1948) un prix de physique qui couronne la ténacité. Depuis 1927, les chercheurs se relaient au chevet d'un réservoir percé rempli d'un épais goudron dont seulement huit gouttes se sont écoulées depuis. Objectif : obtenir une mesure précise de la viscosité de cette pâte.
L'IgNobel de mécanique des fluides honore des travaux publiés en 2003 dans la très sérieuse revue Polar Biology. Victor Benno Meyer-Rochow (Allemagne) et Jozsef Gal (Hongrie) ont calculé les pressions internes qui s'exercent dans le corps des manchots Adélie quand ils défèquent, paraît-il avec force. En biologie, ce sont des experts australiens de l'odeur de la peau de grenouilles stressées, dont l'un travaille pour une petite start- up française, qui succèdent à l'équipe spécialiste de l'audition du hareng qui avait été récompens