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Libération

Donner tort à Einstein vaut la médaille d’or du CNRS

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Physique. Alain Aspect a jeté les bases de l’informatique quantique.
publié le 10 novembre 2005 à 4h30

Parfois, Alain Aspect la joue modeste. «Lorsque Bernard Larrouturou [le directeur général du CNRS] m’a téléphoné pour m’annoncer que j’allais recevoir la médaille d’or, j’étais plutôt embarrassé à la pensée de tous les physiciens qui la méritent.» Avance une explication de calendrier : «C’est l’année mondiale de la physique, et le centenaire des articles fondateurs d’Einstein.» Mais, au fond, l’homme ne doute pas de la valeur de son travail de «professionnel» de la science. «Il faut bien accepter mon statut», admet-il en souriant ­ frisant de la main droite une bacchante gasconne. Membre de l’Académie des sciences, professeur à Polytechnique, le physicien de 58 ans, du laboratoire Charles Fabry de l’Institut d’optique d’Orsay (CNRS et université Paris-XI), fait partie du gratin. Et si son nom se prononce dans toutes les langues du monde du moment que leurs locuteurs font de la physique, c’est avec le respect dû à celui qui a prouvé que Niels Bohr avait raison et Albert Einstein tort.

Convictions. L'affaire a duré de 1975 à 1983. A l'Institut d'optique, Alain Aspect monte une manip archi-méticuleuse. Mission : prouver que deux photons jumeaux, émis par paire puis envoyés dans deux directions différentes se comportent comme un seul objet quantique. En conséquence, «lire» l'état quantique de l'un permet de connaître celui de l'autre «comme si» les deux photons échangeaient de l'information instantanément. Un défi expérimental engagé malgré le scepticisme des collègues. John Bell