Des chauves-souris peuvent nourrir en leur sein Ebola, le virus responsable de foudroyantes épidémies en Afrique centrale. Trois espèces de ces mammifères volants sont susceptibles d'en être le «réservoir», c'est-à-dire l'organisme où le virus se multiplie en toute sérénité sans le tuer. Telle est la découverte faite par une équipe internationale codirigée par Eric Leroy, de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), à Franceville, au Gabon (1). Attendue depuis près de trente ans, elle est le fruit d'une intense chasse à l'infiniment petit dans la forêt tropicale.
«Grande inconnue». «L'identité du réservoir d'Ebola est la plus grande inconnue de ce virus», soulignait dans nos colonnes, en janvier 2004, Jean-Claude Gonzales (IRD), cosignataire de la présente découverte. «Quand on connaît le réservoir d'un virus un moustique, un rongeur , on peut faire de la prévention en luttant contre la contamination par cette espèce.»
Dès que le virus Ebola a été isolé en 1976 au Zaïre (aujourd'hui République démocratique du Congo, RDC), où avait éclaté la première épidémie, les scientifiques se sont interrogés sur la nature de son refuge usuel. Au fil des récentes épidémies, ils ont pu lever un coin du voile. En avril 2003, une enquête internationale révèle que les gorilles et chimpanzés sont décimés par Ebola, qui devient leur pire ennemi. En 2004, l'équipe d'Eric Leroy montre que presque toutes les épidémies sont contemporaines d'une épizootie chez les singes. Enfin, la plupa