Ces vieux Anglais n'étaient pas encore assez sapiens pour prendre le thé : en guise de tasse et de petite cuiller, ils ont laissé de délicats éclats de pierre avec lesquels ils coupaient leur viande. Ces Homo ont colonisé la Grande-Bretagne (qui ne s'était pas encore réfugiée dans son isolement insulaire) plus tôt qu'on ne le pensait puisque l'on vient de découvrir des traces remontant à 700 000 ans.
«On ignore exactement de quelle espèce d'Homo il s'agit», reconnaît Chris Stringer, du Muséum d'histoire naturelle de Londres, qui a travaillé sur ces restes et publie dans Nature (1). «Mais nous pensons à un Homo heidelbergensis ou à un Homo antecessor.» Le premier a vécu en Europe centrale (notamment près d'Heidelberg, en Allemagne) il y a 500 000 ans tandis que le second est arrivé plus tôt, il y a 800 000 ans, en Europe du Sud. Les scientifiques ne sont d'ailleurs pas tous certains qu'il s'agit de deux espèces différentes.
Dans le sud-est de l'Angleterre, le long de la côte du Suffolk, ce sont 32 silex noirs de bonne qualité dont la plupart encore tranchants qui ont signalé cette présence humaine si précoce. Ils ont été découverts par un archéologue amateur. Les scientifiques ont ensuite fouillé le site, travaillant à marée basse, et ont daté ces outils de plusieurs manières : électromagnétisme, couche géologique, ainsi qu'une nouvelle technique qui mesure les acides aminés dans les coquilles d'escargot trouvés sur le site. Et contrairement aux découvertes des années 1900 qui