Menu
Libération

La fraude est vieille comme la science

Article réservé aux abonnés
Mais les conditions d'exercice contemporaines font craindre une accélération des dérives.
publié le 24 décembre 2005 à 5h07

Que la science soit «impure», l'affaire Hwang le souligne une nouvelle fois. Paradoxe, celle-ci illustre également la meilleure manière de limiter cette impureté : s'appuyer sur la démarche scientifique la plus classique, ses méthodes, son financement et son mode d'organisation. Leçon aux conséquences politiques, dans un monde bouleversé par les savoirs scientifiques et les technologies qu'ils permettent.

Bidouilles. Une nouvelle fois ? La fraude scientifique est vieille comme la science. Archéologues farceurs enterrant un squelette mi-homme mi-singe (en 1912 à Piltdown, Royaume-Uni). Psychologue célèbre, sir Cyril Burt (1883-1971), falsifiant ses données sur les jumeaux pour soutenir l'idée d'un QI inné au détriment des apports de l'éducation. Physicien brillant, Hendrick Schön, en 1997-2001, de Bell Labs (Etats-Unis), bidouillant ses articles sur l'électronique moléculaire. Ce trio illustre le cauchemar du scientifique : la fabrication de fausses données pour appuyer une théorie touchant à des questions fondamentales sur la matière, l'évolution biologique ou l'intelligence. Cauchemar d'autant plus noir que des révolutions scientifiques, au sens du philosophe Thomas Kuhn, ont pu s'accompagner de petits arrangements avec leurs expériences princeps, comme en témoignent Galilée ou Mendel, idéalisant quelque peu la chute des corps ou le comptage des petits pois pour mettre sur pied la physique classique et la génétique. Il n'est pas exclu que les erreurs éthique