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Libération

Néandertal et Cro-Magnon redatés

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publié le 16 mars 2006 à 20h38

«Il faut jeter à la poubelle des milliers de datations. Et tout refaire correctement. C'est dur à avaler pour certains collègues, mais je ne vois pas d'autre issue.» Jean-Jacques Hublin, directeur du département Evolution de l'homme à l'institut Max-Planck de Leipzig (Allemagne), plaide pour une révision radicale des datations utilisées par les préhistoriens pour une période cruciale ­ il y a 30 000 à 45 000 ans ­ puisqu'elle voit l'arrivée de l'homme moderne en Europe et la disparition des Néandertaliens. Une révision souhaitée par Paul Mellars, archéologue à Cambridge University (Grande-Bretagne) dans un article paru récemment dans la revue Nature (1).

Charbon. L'origine de ce chamboulement ? Une «nouvelle révolution du radiocarbone», affirme Paul Mellars. La première «révolution» date des années 1960. A l'époque, les préhistoriens réalisent les premières datations au carbone 14. Cet isotope radioactif disparaît d'un matériau organique mort au rythme de la moitié en 5 730 ans. Comparer sa teneur dans un fossile ou un charbon (reste de feu ou tache de torche sur la paroi d'une grotte) avec la teneur atmosphérique actuelle donne, en théorie, leur âge, du moins pour les 50 000 dernières années. La première victime en fut le mythe des civilisations mégalithiques héritières des savoirs antiques des Egyptiens. Le C 14, malicieux, révéla que les menhirs et autres dolmens celtiques de Bretagne dataient d'au moins 5 000 ans, bien avant les grandes dynasties.

Enthousiasmés, les préhis