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Libération

Des souris au caractère sans gènes

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publié le 25 mai 2006 à 21h21

Prenez donc ces deux souris. Par la queue, comme dans la chanson. Et observez bien leur long appendice. Le premier est brun rosé, ordinaire, l'animal est «normal». Le second est tacheté de blanc, dépigmenté, c'est un mutant. Attention, l'exercice est risqué. Il peut vous entraîner dans deux ans de recherches obsessionnelles au terme desquelles vous aurez envoyé valdinguer les lois de l'hérédité, pulvérisé cinquante ans de confiance quasi inébranlée dans la formule «l'ADN est la molécule de l'hérédité» et eu l'honneur d'une publication remarquable et remarquée dans la revue britannique Nature. C'est ce qui vient d'arriver à Minoo Rassoulzadegan.

Directrice de l'unité Inserm (1) de génétique du développement normal et pathologique à l'université de Nice, elle a découvert, avec une équipe de biologistes et physiciens français, rien de moins qu'un nouveau mode de transmission de l'hérédité biologique. Travaillant sur la souris, Minoo Rassoulzadegan et ses collègues démontrent qu'il est possible d'exprimer un caractère biologique présent chez l'un de ses parents, voire grands-parents, voire aïeux, sans même avoir hérité du gène responsable de ce caractère... Un patrimoine biologique non transmis par l'ADN ? L'enquête menée par les chercheurs français pour expliquer cet étrange phénomène apporte quelques réponses peu orthodoxes et soulève un abîme de nouvelles questions pour la génétique et la médecine.

Petits pois. Ce sont les queues, et plus précisément les queues tachetées de cer