L'homme responsable de la disparition du mammouth américain ? Oui, avançaient quelques scientifiques, forts d'une concomitance accusatrice : arrivée d'Homo sapiens, via un détroit de Béring à sec, muni de silex tranchants et de sa ruse ; extinction du mammouth, du cheval, du rhinocéros laineux. Le tout 11 000 ans avant le fusil de chasse. Le Cro-Magnon des Amériques fut donc accusé d'une Blitzkrieg anti-animal. Halte là, explique le préhistorien Dale Guthrie, de l'université d'Alaska à Fairbanks (1) : ce n'est pas l'homme, c'est le climat.
L'idée d'un génocide pour cause alimentaire on imagine mal les Cro-Magnon courant après mammouths et chevaux pour des safaris photos supportait mal le raisonnement. Si peu d'hommes pour autant de victimes. Et pourquoi, lorsqu'ils arrivent en Amérique au XVe siècle, les Européens trouvent-ils des millions de bisons et de wapitis dont se nourrissaient les Amérindiens sans les exterminer ? Mais, pour enterrer le mythe, il fallait des chiffres. Ainsi qu'une explication du destin des espèces disparues et de celles qui ont très bien supporté la venue du chasseur.
Carbone 14.
Guthrie apporte au débat plus de 600 nouvelles datations de fossiles d'animaux, au carbone 14, le grand «résolveur» de mystères préhistoriques (Libération du 16 mars), réalisées à Tucson (Arizona). Il a doublé le nombre de datations d'os de mammouths et de chevaux pour la région. Et utilisé des travaux antérieurs pour les wapitis, élans, bisons... et hommes vivant il y a 11