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Libération

Fidèle à son habitude, l'ours Perelman refuse la Fields

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publié le 23 août 2006 à 23h01

Un ours russe et trois matheux «normaux»... socialement parlant. C'est le quatuor majeur récompensé par les médailles Fields ­ les Russes Grigory Perelman et Andreï Odonkov, l'Australien Terence Tao et le Français Wendelin Werner ­ décernées hier par l'Union mathématique internationale qui tient son congrès à Madrid.

Squelette. L'ours russe fait évidemment le miel des médias, tant il joue à ravir le rôle caricatural du matheux génial mais asocial. Grigory Perelman, 40 ans, tête de pope (cheveux clairsemés, barbe abondante) n'a pas tardé à faire savoir qu'il refusait sa médaille. Snobant ainsi ses collègues, comme lorsqu'il avait refusé, en 1996, le prix que la société mathématique européenne voulait lui remettre. Au début de l'année, il a même démissionné de son poste à l'Institut Steklov de Saint-Pétersbourg. Refusant toute interview, envoyant ses textes sur le Net, réduits au squelette de la démonstration et laissant le soin aux collègues de vérifier eux-mêmes les chemins qui relient ses étapes principales, Perelman ne fait donc rien dans les règles. Pas à cheval sur l'étiquette, les matheux, qui ont vu d'autres zèbres dans le genre et savent reconnaître le génie sous la gangue, considéreront donc Perelman comme récipiendaire de leur médaille fétiche. Non, d'ailleurs, pour avoir résolu la conjecture de Poincaré (1) il y a trois ans, mais «pour ses contributions à la géométrie et ses vues révolutionnaires sur la structure du flot de Ricci»... Précision qui ira droit à