Moscou de notre correspondante
«De toute façon, un homme qui s'intéresse à l'argent ne se serait jamais consacré à un tel travail.» A l'Institut Steklov de Saint-Pétersbourg, l'un des plus prestigieux instituts russes de mathématiques, les anciens collègues de Grigory Perelman ne semblent ni surpris ni déçus que leur compatriote ait refusé son prix. «Un vrai scientifique est toujours plus ou moins indifférent à l'argent», confiait hier un chercheur de cet institut, sous couvert d'anonymat par égard pour les voeux de discrétion de Perelman. «Pour un mathématicien, il suffit d'un papier, d'un stylo et d'un ordinateur pour travailler. Les maths sont une des sciences qui exigent le moins d'argent», rappelle ce collègue, donnant là un début d'explication à ce nouveau triomphe des maths russes, malgré la profonde crise traversée dans les années 90.
Glorieux passé.«Les mathématiques russes n'ont jamais été en crise, ose aujourd'hui assurer le secrétaire du département mathématiques de l'Académie russe des sciences, Iouri Vichniakov. Nous avons eu des difficultés, comme tout le reste du pays en a eu, des scientifiques sont partis, mais les mathématiques ont beaucoup moins souffert que les sciences qui réclament de gros équipements, telles la physique, la chimie ou la biologie.» La médaille Fields décernée hier aux deux Russes Grigory Perelman et Andreï Okounkov témoigne moins du renouveau des maths russes que du glorieux passé soviétique et de l'exod