L'arbre qui masque l'absence de forêt. C'est le paradoxe de Tera-10, le supercalculateur de la direction des applications militaires du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), auquel Jacques Chirac a rendu visite hier (lire ci-dessous). Un monstre d'informatique, dont le financement sur crédits militaires s'explique par le rôle décisif qu'il joue depuis l'arrêt des essais nucléaires. Ce que l'on ne peut plus tester «en vrai» est censé l'être par la simulation numérique, qui repose sur d'énormes capacités de calcul. Un moyen, estiment les militaires, non de mettre au point d'autres armes mais de s'assurer que de petites modifications ou des évolutions dues au vieillissement ne mettent pas en cause leur sûreté ou leur efficacité.
Bond. L'appétit de calcul des spécialistes du CEA et le budget militaire ont permis de réunir, à Bruyères-le-Châtel (Essonne), un outil informatique de premier ordre. Mais les cocoricos ne sont pas de mise. Certes, depuis juin, ce supercroqueur de nombres s'est hissé à la 5e place du Top 500 des ordinateurs les plus puissants du monde (1). Ce bond en avant (10e en 2003) fait de lui le premier centre de calcul européen, performance saluée comme il se doit par le chef de l'Etat. L'examen attentif du Top 500 et de ses évolutions refroidit toutefois l'enthousiasme.
Les Etats-Unis restent en effet les ogres du calcul intensif avec 298 machines sur 500, les quatre premiers du classement et surtout représentent 63 % de la puissance de calcul à l'échelle mondi