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Libération

Le CO2 crée des remous en profondeur

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publié le 15 septembre 2006 à 23h18

Y a-t-il de l'eau dans le gaz du projet de stockage géologique du CO2 ? En juillet, un article de Youssif Kharaka, du service géologique des Etats-Unis, lançait l'alarme (1). Message de Kharaka : quand on injecte du CO2 dans un aquifère profond, il déclenche une cascade de réactions chimiques qui pourraient mettre en cause l'étanchéité du stockage. Une alerte reprise par plusieurs articles de presse et sur le Net. Certains en tirant déjà la conclusion que l'idée est à abandonner, de même que l'espoir du «charbon vraiment propre» qu'elle représente pour les centrales électriques ou les usines grosses consommatrices de houille. Une conclusion «qui n'a pas lieu d'être», tempère Isabelle Czernichowski-Lauriol, du BRGM (Bureau des recherches géologiques et minières), qui travaille sur le sujet depuis plus de dix ans.

A l'origine de l'annonce de Youssif Kharaka, une expérience d'injection de CO2 dans le sous-sol. Menée sur le site de Frio, dans le golfe du Texas, elle s'est déroulée en octobre 2004. Les scientifiques ont injecté 1 600 tonnes de gaz carbonique dans un puits creusé à 1 500 mètres de profondeur. Là, se trouve une couche de grès, perméable, poreuse, chargée en saumure. Puis ils ont mesuré, grâce à un puits d'observation distant de 30 mètres et par des prélèvements d'échantillons, les conséquences géochimiques de l'opération.

Injection. Il s'en passe des choses, lorsque l'on injecte ainsi du gaz carbonique. La saumure, selon Kharaka, a dû voir son pH baisser dras