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Première descente dans les entrailles

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publié le 23 septembre 2006 à 23h25

Le plus grand inventaire de la biodiversité jamais réalisé a commencé début août à Santo, une île du Vanuatu, dans le Pacifique Sud. Jusqu'à décembre, 170 scientifiques de 25 pays se relaieront dans le cadre de l'expédition Santo 2006, organisée par le Muséum d'histoire naturelle, l'Institut de recherche pour le développement et l'ONG Pro-natura international.

C'est une plongée dans le ventre du monde. Dissimulé dans la jungle tropicale de l'île de Malo, à quelques kilomètres de Santo, un gouffre débordant de végétation permet d'accéder aux entrailles sombres et angoissantes de l'archipel. Suspendus à leur corde, cinq scientifiques rompent pour la première fois des millénaires de tranquillité végétale et animale. «Il y a toujours quelque chose d'intrigant à poser le pied sur un sol vierge de toute présence humaine», souffle Vincent Prié, un étudiant au Muséum national d'histoire naturelle. Mais une forte odeur d'ammoniac lui rappelle qu'il est là pour étudier tout ce qui peut vivre dans ce ventre humide : chauves-souris, insectes, mollusques, crustacés... «Trouver des êtres vivants dans un monde aussi hostile est fascinant. Cela donne l'impression de se trouver devant les balbutiements de la vie», confie le biologiste. Il s'avance lentement vers l'obscurité. Soudain, le puits de verdure s'emplit d'un nuage noir grouillant de mammifères ailés aux dents pointues. «Il y a environ 15 000 chauves-souris», estime Vincent Prié . Pendant de longues minutes,