Couper les crédits et couper les rubans. Jacques Chirac, le président de la République au bilan calamiteux en matière de recherche publique, inaugurait hier le synchrotron Soleil (1), installé à Saint-Aubin (Essonne), à deux pas de l'université d'Orsay et du centre de Saclay du Commissariat à l'énergie atomique. L'occasion de redorer le blason présidentiel, sérieusement écorné aux yeux des scientifiques, alors que les derniers chiffres publiés par l'OCDE sur la recherche mondiale indiquent l'ampleur du mal dont souffrent la France et l'Europe.
Pourtant, le synchrotron Soleil est probablement l'un des rares exemples permettant à Jacques Chirac de marquer un point politique. Cet instrument d'intérêt national a en effet subi un retard à l'allumage de trois années, pour la seule raison d'une opposition violente du ministre socialiste Claude Allègre, de 1997 à 2000. Ironie de l'histoire, les scientifiques avaient à l'époque fait appel à des députés UMP et à Jacques Chirac pour faire aboutir le projet. Mais il a fallu que Lionel Jospin se résigne à limoger Claude Allègre et à le remplacer par Roger-Gérard Schwartzenberg pour le mettre enfin sur les rails.
Comète Wild 2. Soleil fait partie de la troisième génération de synchrotrons, ces très puissants microscopes collectifs qui mettent à profit le rayonnement X du même nom, émis par des électrons tournant à la vitesse de la lumière dans un anneau de stockage. Ces rayons X de qualité exceptionnelle, les scientifiques de toutes discipl