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Pierre-Gilles de Gennes, un électron libre s'éteint

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Chercheur hors norme, le prix Nobel de physique 1991 est décédé vendredi.
publié le 23 mai 2007 à 7h54

En octobre 1991, l'Académie royale des sciences de Suède décernait le prix Nobel de physique au Français Pierre-Gilles de Gennes et le qualifiait d'«Isaac Newton de notre temps». Le compliment était grand, comme la stature intellectuelle et physique de l'homme à la mèche rebelle et à l'immense sourire, disparu vendredi à Orsay, à l'âge de 74 ans. L'hommage plaçait le lauréat dans le panthéon éthéré des grands penseurs des lois de l'univers, précisément là où l'heureux élu ne vaquait pas : théoricien de génie, Pierre-Gilles de Gennes, était passionné par «la physique de tous les jours», comme l'a alors souligné l'Académie (française) des sciences. Il sera le patron de la «physique de la matière molle», celle de ces choses triviales qui, à l'entendre, devenaient aussi passionnantes qu'un polar bien ficelé.

Yaourts. Ainsi la nouille qui, enchevêtrée dans un plat de congénères, se comporte comme «un polymère fondu» dont l'élasticité bizarre régit pourtant «les procédés de fabrication des plastiques». Ou le sable qui, glissant d'une pelle, forme un tas selon des lois non totalement élucidées mais néanmoins fondamentales. Et aussi le yaourt : «Si les yaourts peuvent garder leur texture malgré le transport et les manutentions, c'est grâce à ces molécules qui ont la propriété admirable de tisser une sorte de réseau, une véritable armature», disait-il dans nos colonnes, au lendemain de son prix, expliquant ainsi ses recherches sur les «poly