Géo-ingénieur, l'homme l'est encore plus qu'il ne le croit. C'est la conclusion d'un article qui paraît aujourd'hui dans Nature (1)où une équipe internationale relate sa découverte : la croissance accélérée des forêts de l'hémisphère Nord depuis un demi-siècle n'est pas seulement due au réchauffement provoqué par les émissions de gaz à effet de serre par l'homme. Pour l'expliquer il faut y ajouter «nos émissions massives d'azote, d'ailleurs corrélées aux émissions de gaz carbonique ainsi que l'exploitation de la forêt par coupes», explique Denis Lousteau (Institut national de la recherche agronomique), l'un des auteurs de l'étude.
C'est en l'an 2000 que cette équipe a commencé l'observation d'une «vingtaine de peuplements forestiers, représentatifs de la diversité géographique, spécifique (conifères, feuillus) et surtout d'âges différents de la forêt tempérée et boréale». En Europe - Finlande, Suède, Ecosse, France, Italie - par le réseau Carboage. Et en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) par le réseau Fluxnet.
Bilan : la fixation nette de carbone - le fameux «puits» continental qui fait disparaître près du quart des émissions humaines vers l'atmosphère tandis que les océans en absorbent à peu près autant - dépend en grande partie de deux facteurs jusqu'alors négligés : l'âge moyen des arbres, déterminé par l'homme dans toutes les forêts exploitées, et l'apport artificiel d'azote en provenance des pollutions industrielles, des transports, de l'agric