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Libération

Un pas vers la «vie synthétique»

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publié le 29 juin 2007 à 8h34

Changer une espèce de microbe en une autre espèce. C'est un peu comme mettre un poisson dans un chapeau et sortir un lapin, sauf que la magie n'a rien à voir dans l'affaire : le tour s'est joué, en laboratoire, grâce à une habile substitution de génomes, d'un coup d'un seul. C'est cette manipulation génétique sans précédent que rapporte aujourd'hui la revue américaine Science. Une manipulation radicale qui constitue un tournant dans une recherche démiurgique : créer une bactérie inédite en lui greffant un génome fabriqué sur mesure afin qu'elle remplisse une fonction tout aussi inédite.

Cette recherche n'est ni un rêve ni un cauchemar, mais un programme scientifique conduit par l'auteur principal du travail publié dans Science, l'Américain Craig Venter, et soutenu par une subvention du département américain de l'Energie (Doe) se montant à la bagatelle de 3 millions de dollars. Un investissement à la hauteur de l'enjeu et du leader charismatique du projet.

Obstacle. Craig Venter est célèbre pour avoir réalisé en 2001 le séquençage du génome de l'homme à une vitesse jugée impossible encore quelques années auparavant. Or il a aussi pris le pari, avec Hamilton Smith, de créer dans son institut de Rockville (Maryland) des micro-organismes capables de résoudre les problèmes énergétiques et environnementaux du XXIe siècle : fabriquer de l'hydrogène en fermenteur, dégrader le CO2, dépolluer les sols. Folie ?

Les biologistes savent aujourd'hui créer des fragments d'