Au Bénin, près de Cotonou, chaque soir, on déploie des moustiquaires sur des choux. Et, chaque matin, on les enlève. Ce n'est pas un conte ou un rite étrange, mais une expérimentation réussie de protection de ces plantes contre les pucerons et larves de lépidoptères qui les boulottent, compromettant les récoltes.
«Ahurissant». La solution, jusque-là, ici comme ailleurs, c'est l'épandage d'insecticides. Efficace, cher, dangereux et polluant. «Les maraîchers béninois, illettrés et pauvres, font un usage ahurissant d'insecticides, parfois des produits chinois dont ils ne connaissent pas les dosages», explique Thibaud Martin, spécialiste de la protection des plantes au Cirad (1).
Entomologiste, il était venu renforcer une équipe de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) de Cotonou chargé de. la lutte contre le paludisme, les chercheurs s'inquiétant d'un usage inconsidéré des insecticides qui participait à l'émergence de moustiques résistants aux pesticides. Et notamment d'anophèles porteurs du parite du palu. Thibaud Martin a alors cette idée simple et originale : si on protégeait les choux avec des moustiquaires aux fibres imprégnées d'insectides lors de leur fabrication, limitant ainsi la dissémination des molécules toxiques ? La nuit seulement, puisque, le jour, le filet gêne le travail, élève trop température et humidité, et fait de l'ombre aux plantes.
L'expérimentation scientifique donne des résultats spectaculaires (2) : diminution drastique des ravageur